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wunderkammer

Le cabinet de curiosités/The Wunderkammer.

 

Notes au journal: hiver 2022

À mesure que je vieillis, tout devient plus complexe, mais aussi étrangement simplifié. Mon corps change avec le temps, accumulant des rides, des transformations physiques et des pertes. Cependant, cette transformation ne résulte pas en une surexposition, mais plutôt en une invisibilité marquée par des stéréotypes liés à l'âge.

Mon projet artistique, inspiré des cabinets de curiosités, vise à présenter de multiples facettes de mon expérience du vieillissement. Il s'agit d'une installation qui encourage la réflexion non hiérarchique et explore l'agentivité des matériaux. Mon objectif est de mettre en lumière mon parcours personnel à travers le vieillissement et la perte, de critiquer les stéréotypes et les mécanismes de pouvoir qui les perpétuent.

L'installation comprend des photographies de grand format, des sculptures, des projections vidéo et des objets trouvés. Ces éléments interagissent pour exprimer des affects et des expériences marginales. À travers l'utilisation de formes et de motifs, d'analogies et de métaphores, mon travail joue avec les représentations prédominantes du vieillissement et vise à remettre en question les attentes liées au vieillissement en favorisant des rencontres qui suscitent la réflexion.

Ce cabinet de curiosité subvertit les attentes des visiteurs en présentant des objets et des sculptures qui invitent à la contemplation, et parfois suscitent de l'angoisse. L'installation devient un lieu de rencontres avec des mondes perturbés, facilitant de nouvelles réflexions et émergences de sens. Ce travail est en constante transformation ; il vise à remettre en question les normes et les analogies visuelles grâce à l'utilisation de formes et de motifs répétitifs, jouant ainsi avec les représentations prédominantes (et parfois discriminatoires) du vieillissement.

En utilisant des répétitions, des analogies, des allégories, mon travail joue donc avec les représentations courantes du vieillissement. Il détourne les attentes en présentant des objets et des sculptures qui surprennent, séduisent, repoussent. Mon objectif est de perturber les discours dominants sur le vieillissement et de proposer une plateforme de discussion et d'échanges.

Mon cabinet de curiosités devient un espace transitoire où le visiteurs naviguent à travers des mondes perturbés, différents, foisonnants; il propose un territoire intime qui encourage l'expression de vulnérabilités et l'émergence de significations innatendues.

 

Notebook entry. Winter 2022

As I grow older, everything becomes more complex, yet remarkably simplified. My body changes as it ages, accumulating wrinkles, physical transformations, and losses. However, this transformation doesn't result in overexposure but, rather, in invisibility marked by age-related stereotypes.

My artistic project, inspired by the Wunderkammer, aims to present multiple facets of my experience of ageing. It's an installation that encourages non-hierarchical reflection and explores material agency. My goal is to highlight my personal journey through ageing and loss, to critique stereotypes and the mechanisms of power that perpetuate them.

The installation comprises large-scale photographs, sculptures, video projections, and found objects. These elements interact to express affects and experiences. Through the use of repetitive forms and motifs, my work plays with prevailing representations of ageing and aims to challenge expectations related to ageing by facilitating encounters that provoke reflection.

The Wunderkammer subverts expectations by presenting objects and sculptures that invite contemplation, provoke angst. The installation becomes a site of encounters with disrupted worlds, fostering new thinking and emergences of meaning. This work is in constant transformation; it intends to challenge norms and visual analogies through the use of repetitive forms and motifs, thus playing with prevailing (and sometimes discriminative) representations of ageing.

co-minglings

hybridités
co-minglings

holobionts

La série Holobionts aspire à communiquer au public des connaissances sur les pandémies historiques et contemporaines à travers l'art visuel. Ce projet repense les conventions narratives pour enrichir, ouvrir le discours social et académique concernant la création artistique à l'époque actuelle de l'anthropocène. Son but est de susciter la curiosité et d'éclairer les discours sociaux en constante évolution sur les pandémies passées et présentes, la visibilité des lieux culturellement significatifs et symboliques, ainsi que l'utilisation créative de la narration.

En défiant les stéréotypes discriminatoires qui négligent le potentiel des corps marginalisés, leur riche individualité, et la singularité de leurs paysages personnels, cette œuvre célèbre le rôle unique de la transformation incarnée. Elle souligne également sa parenté avec les qualités ingénieuses, régénératrices et créatives de la nature.

L'œuvre vise à attirer l'attention sur la manière dont la vie se révèle de manière inattendue lorsque l'on ose regarder au-delà de ce qui est superficiellement exposé et attendu.

Les Holobionts créent de nouveaux environnements qui servent de refuge pour des compagnons inattendus, des mondes fantastiques ouverts à la différence, quelque peu indéterminés et polytemporels.

 

Holobiont  series communicates knowledge about historical and contemporary pandemics to cultural audiences through visual art. The project innovates by reworking the conventions of storytelling to enrich social and academic discourse on issues related to the art making during the current era of the anthropocene. Its goal is to spark curiosity and inform public discourses about the existing and shifting social imaginaries around past and current pandemics, the visibility of culturally significant / symbolic sites, and creative use of storytelling.


Challenging discriminating stereotypes negating the fertile ground of different bodies, their rich individuality, and the uniqueness of their personal landscapes, the work celebrates the unique role of embodied transformation in the maintenance of one’s personal ecology and its kinship to the encompassing generosity and ingenious, regenerative creativity of nature. The work wish to draw attention to how life reveals itself in unexpected ways if we dare to look beyond what is superficially exposed and expected. Holobionts propose new environments that become haven for unexpected companions, phantasmagoric worlds open to difference, somewhat unspecified and polytemporal.

 

syuzhet

Ce projet, dans sa dernière forme, est le résultat de 3 années de recherche-création approfondie et continue au cours desquelles des propositions visuelles explorent les implications sur l'identité de soi et l'action des définitions corporelles négatives actuelles dans la vie des gens. L’œuvre étudie comment les rencontres artistiques transformatrices, dans lesquelles des motifs sous-jacents et unificateurs évoquent l’horreur et la fragilité, parlent également d’humanité commune, de régénération, de solidarités et de vulnérabilités partagées.


Composé de 16 photographies à grande échelle, cet ensemble d'œuvres « ostréanenique » présente les constructions narratives d'une expérience : le syuzhet et les fabulae. Faisant référence à des termes hérités du formalisme russe, le syuzhet fait écho à l'information fractionnée et ambiguë fournie par le geste énonciatif subtilement caché dans les objets fabriqués tandis que les fabulae forment la matérialité révélatrice du familier rendu étrange; sa qualité significative, souvent invisible et/ou négligée, permet néanmoins une divulgation complète et est ontologiquement signifiante.

L'œuvre est fortement inspirée par l'idée selon laquelle les objets et leurs abstractions projetées encouragent de manière significative les processus de transfert ou de transsubstantiation. En provoquant des réveils sensuels à travers des reconsidérations, des réinterprétations des expériences impliquées par les objets fabriqués, nous sommes captivés par des souvenirs incarnés vivifiants de l'humanité.

 

En racontant des expériences corporelles et des impressions phénoménologiques d'objets significatifs, nous visons à redéfinir la connaissance des corps charnels, transgressant les frontières connues de la représentation, suggérant ainsi une vision plus globale du corporel. Syuzhet & Fabulae tentent de réconcilier ce que nous choisissons de voir, d'ignorer, ce qui est culturellement construit avec ce qui est inné et incontournable, tout en abordant directement l'aspect participatif du visionnage, essentiel pour que l'œuvre soit socialement transformatrice.

This project, in its latest form, is the result of 3 years of extensive, ongoing research-creation where visual propositions explore the implications to self-identity and agency of current negative body definitions in people’s lives. The work investigates how artistic transformative encounters, wherein underlying, unifying motifs evoke horror and frailty, also speak to common humaneness, regeneration, solidarities, and shared vulnerabilities.
 

Comprised of 16 large scaled photographs, this “ostreanenique” body of work displays narrative constructions of an experience: the syuzhet and the fabulae. Referring to narratological terms inherited from Russian formalism, the syuzhet echoes the fractional and perhaps ambiguous information provided by the enunciative gesture subtly hidden in the fabricated objects (and revealed through the aperture) while the fabulae is the all-revealing materiality of the familiar rendered strange; its significative quality often unseen and/or overlooked, still affords full discloser and is ontologically replete. Thus, the declension of the syuzhet reflects the subjective, ground-level discombobulation of the fabulae and is intended to generate an array of emotions that keeps the viewers engaged.

The work is strongly inspired by the idea that objects and their projected abstractions significantly encourage transference or transubstantiation processes. By provoking sensuous re-awakenings through reconsiderations, reinterpretations of experiences entailed by the crafted objects, we are enthralled with enlivening embodied memories of humaneness.

 

By recounting bodily experiences and phenomenological impressions of significant objects, we aim at redefining knowledge of fleshy bodies, transgressing amid known boundaries of representation thus suggesting a more encompassing view of the corporeal. Syuzhet & Fabulae tries to reconcile what we choose to see, ignore, what is culturally constructed to what is innate and inescapable, while directly addressing the participatory aspect of the viewing, which is essential for the work to be socially transformative.

saprotrophic

Le Corps Saprotrophe offre un espace où le corps est entrelacé et connecté avec son environnement . Avec ce travail, je réexamine l'anatomie humaine comme une partie continue et unifiée du paysage universel, changeant son identité parfois limitée par la finitude en une entité cohabitante et intégrée qui se mêle et s'adapte constamment à son environnement en constante évolution. Cet être corporel qu'est le saprotrophe remet en question les limites que notre corps entretient avec d'autres corps (humains et non humains) et interroge notre relation avec la matrice biologique de notre univers.

En créant un environnement dans la galerie qui semble virtuellement autonome, nécessitant une interférence minimale de ma part, je mets en évidence le fait que les systèmes naturels se transforment et évoluent en dehors des constructions sociales et que les organismes se génèrent et grandissent en dehors de l'interprétation.

Les réflexions d'Adorno sur l'Holocauste, telles que citées par Hunh (Anker 2015), approfondissent ma connaissance des réactions des spectateurs à la terreur et m'obligent à m'éloigner de la présentation d'objets définis uniquement par l'abject. En réfléchissant à la façon dont la peur de l'autre, le ressentiment et l'auto-préservation peuvent enfermer les êtres humains dans l'apathie, les empêchant de vivre et d'être en contact avec les autres, Hunh élargit la "narrative de la normalité" d'Ahlvik-Harju avec un "narratif de l'indifférence". Le "narratif de l'indifférence" de Hunh m'a donc encouragé à créer un espace en galerie qui amène le spectateur à adopter des comportements plus empathiques et à vivre un espace commun partagé, médiatisé par des rencontres.

En créant une atmosphère qui favorise les rassemblements et le partage intime, Le Corps Saprotrophe sert de plateforme pour tétaniser la conscience sociale et favoriser une transformation potentielle. Plus proche de la démarche de Joseph Beuys ou de Thomas Hirschhorn que de celle de Rirkrit Tiravanija, ce travail tente de redéfinir les constructions sociales liées au vieillissement; l'interface multifacettaire du social, du politique, de l'éthique et de l'esthétique sert de catalyseur ici au changement.

L'objectif de ce travail est de déstigmatiser les corps vieillissants en les inscrivant dans une "vitalité" abondante en proposant une installation où les "êtres vivants" sont au centre de l'événement (tant la matière organique que les invités participants). En immergeant les visiteurs dans une situation potentiellement malaisante, le but est de les amener à questionner leurs propres contradictions et de mettre en lumière les axiomes culturels souvent discriminants liés à la vieillesse. 

Le Corps Saprotrophe promouvoit ainsi une "conjoncture de survie [...] un état de renouvellement qui se combine avec le présent" (Déry 2006) en mettant en relation les choses persistantes, florissantes, corporelles et incarnées.

 

The Saprotrophic Body offers a space where the body is entangled and interconnected with its living environment. With this work, I am reconsidering the human anatomy as an ever continuing and unified part of the overall landscape, shifting its stance from the individual limited by finitude to a cohabitating, co-habituating, and integrated entity that constantly mingles and adapts to its ever-changing surroundings. This corporeal being questions the boundaries that our body maintains with other bodies (human and non-human ones) and interrogates our relationship with the overall biological matrix of our universe.

 

By staging an environment in the gallery that seems virtually autonomous, requiring minimal interference on my part, I highlight the fact that natural systems transform and evolve outside social constructs and that organisms generate and grow outside of interpretation. 

Adorno’ s reflections on the Holocaust, as cited by Hunh (Anker 2015) deepened my thinking on viewers’ response to dread and steered me away from presenting objects overly defined by the abject. Contemplating how fear of the other, resentment, and self-preservation might encapsulate humans in apathy that keeps them from living and being in touch with others, Hunh expands Ahlvik-Harju’s “normalcy narrative” (Ahlvik-Harju 2015) with an “indifference narrative”. Hunh’s “indifference narrative” urged me to create a space gs that leads the viewer to adopt more compassionate behaviors and experience a shared communal space, mediated by encounters.
 

By creating an atmosphere that facilitates gatherings and intimate sharing, The Saprotrophic Body serves as a platform to raise social awareness and for potential transformation. Closer to Joseph Beuys’ or Thomas Hirschhorn’s demarche, than to that of Rirkrit Tiravanija, this work assumes the risk of attempting to re-define negative constructs regarding ageing. The multifaceted interface of the social, political, ethical, and aesthetic thus serves here as a catalyst for change.

The installation intent is to destigmatise ageing bodies by inscribing them in bountiful “livingness” and by proposing an installation where “living things” are central (organic matter as well as participating guests). By immersing visitors in a situation that potentially create malaise, the goal is to have participants question their own plural contradictions and cultural axioms related to old age. 
 

The Saprotrophic Body thus promotes a “conjuncture of survival […] a state of renewal that combines with the present” (Déry 2006) by putting lingering, blooming, corporeal, and embodied things in relationship to the living.

hybridités/co-minglings

Ces objets fabriqués sont le résultat de réflexions contemporaines sur le corps humain et sa relation avec le monde naturel et matériel; ils cherchent à éviter de réduire le corps à un simple construit culturel et revendique son lien profond avec la nature.
 

Generated by contemporary considerations of the human body and its relationship to the natural/material world, these crafted objects attempt to steer clear of considerations foreseeing the body as a mere product of cultural factors and claims its affiliation to an earthy embodiment.

hybridites

sculptures

sculpture
specimens

Dans ce travail, mon objectif principal est de rassembler les attentes, l'histoire personnelle et les âmes sœurs, ainsi que les souvenirs olfactifs et tactiles associés aux objets. À la mort, à mesure que la présence physique disparaît, les souvenirs fournissent souvent au défunt une présence sociale parmi les vivants et deviennent un rempart contre l'oubli. Ces souvenirs - vêtements usés, lettres, photographies - révèlent que les processus liés au souvenir peuvent être encore plus importants que les morts. Les objets utilisés dans ces œuvres deviennent donc des prétextes pour mettre en lumière des états de physicalité associés à des événements importants et durables de ma vie.

Mon intention ici est de recréer une immanence sculpturale, une demeure pour l'esprit ancrée dans la physicalité et la matière. Je compte sur le fait que chacun d'entre nous a des souvenirs physiques associés à des objets et des événements significatifs pour susciter l'intérêt des visiteurs et créer un espace partagé de recollection.

Les déclinaisons visuelles qui habitent l'espace de la galerie explorent de multiples voies de création, de la forme sculpturale à l'écriture créative et une plongée tentative dans l'art biologique. L'objectif est de naviguer dans les aspects variés du deuil et de chercher des moyens d'explorer la perte pour offrir une possible guérison. De même, la création d'objets ambigus qui "présentent" une réalité au lieu d'en représenter une semble susciter la curiosité des spectateurs et leur sens du jeu, et les aide à faire face à des émotions difficiles liées au deuil. Les écrits créatifs déclenchent également une libération émotionnelle pour certains spectateurs qui choisissent de s<y plonger.

Ces "specimens" examinent comment l'intuition et l'insight peuvent aider à comprendre certaines idées abstraites. En mettant l'accent sur la prééminence du corps physique sur l'intellect en tant que canal potentiel de l'insaisissable, je propose de nouvelles et fertiles voies où les corps et la nature cohabitent non seulement, mais se fusionnent. En tentant de me concentrer sur les relations qui vacillent entre la présence et la matérialité, mon intention est de proposer des "approches basées sur la présence" tout en considérant également la signification et le symbolisme des objets.
 

En accordant plus d'attention aux implications des rencontres physiques et des expériences corporelles dans l'espace de la galerie, j'insiste également sur l'importance d'être dans le monde et d'avoir accès à des réalités au-delà des apparences, à un niveau préconceptuel.

Within this work, my aim is to quilt together expectations, personal history, and kindred spirits, as well as olfactive and tactile memories associated with objects. Upon death, as physical presence disappears, mementos often provide the deceased with a social presence amongst the living and become a bastion against forgetfulness. These keepsakes, worn garments, letters, photographs reveal that the processes related to remembering may be even more than the dead. The used objects in these works thus become pretexts to highlight states of physicality associated with significant, lasting events in my life.

My intent here is to recreate sculptural immanence, indwelling for the mind anchored in physicality and matter. I count on the fact that each one of us has physical memories associated with meaningful objects and events to capture the bystander’s interest and create a shared space of recollection.
 

Visual declinations habiting the gallery space explore multiple channels of creation; from sculptural form to creative writing and a tentative dive into bio art. The goal is to navigate the varied aspects of grieving and sought ways to investigate loss to offer healing. Likewise, creating ambiguous “things” that “presented” a reality, instead of representing one, seem to spark the viewers’ curiosity and sense of play, and help them deal with otherwise difficult emotions related to grief; the creative writings correspondingly instigate emotional release for some viewers who choose to get involved.

These specimens explore how intuition and insight might work as acts of apprehending abstract concepts. By emphasizing the ascendance of the physical body over the intellect as a potential channel for the elusive, I am proposing new and fertile avenues where bodies and nature not only cohabit, but also merge, and permeate each other. By attempting to focus on relationships that waver between presence and materiality, my intent is to put forward “presence-based approaches”  while also considering the meaning and symbolism of objects.

 

By paying more attention to the implications of physical encounters and bodily experiences in the gallery space, I am also stressing the importance of being-in-the-world and to have access to realities beyond appearances, on a pre-conceptual level.

bacterial landscapes

Ce travail a pris forme lorsqu'une opportunité d'exposer une œuvre au Centre de santé Sheldon M. Chumir s'est présentée. Le défi était de concevoir des œuvres d'art accessibles au grand public. Ces cinq sculptures ont été exposées dans cinq fenêtres donnant sur une rue du centre-ville de Calgary. Ces sculptures métaphoriques avaient pour objectif de conjuguer la force de vie de la vieillesse avec une déclinaison excessive des matériaux.

Pendant six mois, dans l'atelier, j'ai prélevé, à différents moments, des échantillons de différentes parties de mon corps, en appliquant et en cultivant des bactéries sur de l'agar-agar afin d'accéder à ma flore interne. Au fil du temps, j'ai créé mes propres paysages bactériens intimes, paysages portant ma signature génétique. Ces manipulations biologiques se déclinant par la suite en autant de manipulations numériques incitent alors les spectateurs à réfléchir au fait les corps vieillissants ou malades peuvent encore générer pleinement la vie, même dans les parties les plus intimes et affaiblies de notre perception interne.

À ce stade de la recherche visuelle, l'étude de la forme et de la matérialité prévale alors. L'objectif est de créer des structures organiques visuellement effervescentes qui permettent au message véhiculé de briller en captivant l'imagination et l'intérêt des spectateurs.  Du fil aux perles, en passant par les encaustiques et les plastiques, l'objectif est de créer des pièces complexes où la multiplicité des éléments décoratifs séduisent et ouvrent la voie à des utilisations innovantes et subversives de matériaux quotidiens. Faisant écho aux œuvres d'influence rococo, l'extravagance des formes et des répétitions évoque les excès apparents des corps vieillissants confrontés aux complexités de la dégénérescence et de la maladie. Un travail minutieux d'assemblage donnent naissance à des créations qui appellent à la réjouissance et à la réflexion. En élevant l'artisanat au rang de l'art, je cherche  à élever analogiquement le corps négatif au rang de la vie bienfaisante.

En présentant des œuvres familières mais exigeant également un examen approfondi, et en adoptant une esthétique qui favorise la curiosité et le plaisir plutôt que le dégoût, des aspects inattendus des corps vieillissants ont été révélés. Destinées au grand public, ces œuvres s'éloignent du concept d'abjection et adoptent des visuels plus séduisants et plus acceptables. Une attention particulière a été accordée à la réalisation de chaque pièce, offrant ainsi aux spectateurs un "point d'entrée par l'artisanat" pour aborder les questions plus sombres traitées tout au long de ma recherche-création.

En proposant des sculptures où les excès de matière imitent la prolifération intracellulaire et évoquent la croissance et la régénération, j'ai cherché à déstigmatiser les corps vieillissants en montrant leurs processus générateurs. En reconnaissant les "êtres liés à la vie" (Déry 2006) et en célébrant des énergies métamorphosées, Bacterial Landscapes defie l'idée que le vieillissement doit être uniquement défini par la déchéance ontologique et la mort.

This work took shape when an opportunity to show work at the Sheldon M. Chumir Health Centre presented itself. The challenge was to conceive artworks that would be foremost accessible to the general public and actively seize life by forging specific types of allegories. These five sculptures were exhibited in five windows overlooking a street in downtown Calgary. The metaphorical sculptures intended to conjugate the life force of old age with excessive declination of materials.
 

For six months, in the studio, I swabbed, at different times, different parts of my body, applying and growing bacteria on agar-agar in order to gain access to my internal flora. I created my own intimate bacterial landscapes, over time, ones that bore my genetic signature. Subsequently, digital manipulations and artistic interventions on the photographed bacterial cultures summoned the viewers to reflect on the fact that one might still be fully generating life, even in their most intimate, infirmed interoceptive parts.
 

At this stage of the visual research, study on form and materiality prevailed.  The goal was to create visual effervescent organic structures that allowed the conveyed message to shine through by capturing the viewers’ imagination and interest long enough.
Initially, digitally transformed images of photographed bacterial cultures were created considering elements/materials previously collected for their texture, their history, their aesthetic quality and etymological value. The final images were subsequently printed on vinyl and applied on plexiglass sheets; material interventions happened later with varied elements. From yarn to beads, to encaustics and plastics, the goal was to craft intricate pieces where the multiplicity of decorative elements opened space for innovative and subversive uses of everyday materials.

Echoing works of rococo influence, extravagance of forms and repetitions echoed the ostensible excesses of ageing bodies dealing with the complexities of degeneration and illness. Experimentations finally culminated in a meticulous work of assembly giving birth to creations that called for rejoicing, and reflection. By elevating craft to the realm of art, I intended to elevate the negative body into the realm of the munificent living.

By presenting works that were familiar but also demanded further examination, and by embracing an aesthetics that fostered curiosity and pleasure instead of revolt or disgust, unexpected aspects of ageing bodies were revealed. Intended for the general public, these works distanced themselves from the abject and embraced more seductive, palatable visuals. A particular attention was given to the realisation of each piece thus I provided viewers an “entry point through craft” to underlying darker issues tackled throughout my research-creation.

By proposing sculptures where material excesses mimicked intra-cellular proliferation and evoked growth and regeneracy, I aimed to destigmatize ageing bodies by showing their bountiful abundance and generative processes. By acknowledging “life-bound beings” (Déry 2006) and impelling life-changing metamorphosed energies, Bacterial Landscapes defied the idea that ageing should be solely defined by ontological decay, and death.

aggregates

Préoccupée par mes récents démêlés avec le système médical et mes lectures récentes sur le cadavre anticipé et l'éthique médicale, j'ai ramené un jour, de peine et de misère, mon corps malade dans l'atelier. J'ai commencé instinctivement à jouer avec les matières que j'avais collectées précédemment; des fragments organiques, issus d'expérimentations antérieures laissées à l'abandon sur le sol, ont soudainement repris de l'importance.  À mesure que j'observais de plus près, j'ai découvert, cachés dans les plis, des mousses vivantes et de petits champignons poussant dans la décomposition. Je me suis sentie transformée. Les sentiments de désincarnation provoqués par les événements récentsfurent lentement effacés par ces croissances subtiles mais puissantes. J'ai porté attention.

Dans cette installation, j'ai décidé de remettre en question le récit de la normalité, qui célèbre le corps masculin en bonne santé comme norme sociale, en présentant uniquement des objets-sujets féminins s'attaquant à la vieillesse et/ou à la maladie. Néanmoins, pour que le corps caché puisse s'exprimer, se manifester, j'ai dû trouver des moyens d'exprimer une voix, un désir de se révéler. J'ai mis de l'avant des récits autobiographiques de transformations physiques résultant de rencontres récentes avec la maladie, dans l'espoir d'engager le spectateur dans un dialogue possible et nécessaire. La révélation de soi devint un choix nécessaire pour permettre aux nouvelles histoires d'exister et de résister à l'isolement, car elle légitimise les moments de différence et de malaise.

 

La nature intéroceptive du corps et sa propension à se révéler à travers la douleur ont fourni des moyens de visibilité à mon corps autrement récessif. Par rapport au corps social, qui tend à dissimuler ses dysfonctionnements, le corps biologique attire l'attention sur les défectuosités viscérales avec une urgence nécessaire à la survie. En exposant les entrailles, j'ai cherché à rediriger l'attention vers les "profondeurs corporelles" et à m'éloigner de la surface habituellement investie par la représentation et le jugement. Le corps défectueux mis de l'avant dansce travail reflète non seulement l'angoisse provoquée par l'isolement et le rejet, mais devient paradoxalement une entité générative et révélatrice, une chair vibrante rendue enfin possible parce que située dans des contextes inhabituels où elle peut s'épanouir.

Ces manifestations artistiques créées dans cette installaton remettent en question les représentations normatives du corps et défient incontestablement les regards déshumanisants en réinscrivant ces expériences distinctes dans une matérialité désormais partagée. En montrant ce qui est à l'intérieur, sous la peau - chair, organes, fluides - et en célébrant le corps abject et imparfait, j'embrasser désormais dans mon travail la forme informe pour offrir une présentation plus éthique des corps. En décomposant le corps et en proposant des fragments d'un vide incarné (vide de représentation mais chargé de sens), j'invite les spectateurs à perdre momentanément leur sens de l'identité pour explorer ce qui se trouve au plus profond de l'être, là où la communalité réside et prospère. Aggregates exige donc que les spectateurs repensent la manière dont ils conçoivent les représentations corporelles en les invitant à examiner leurs propres préjugés et idées préconçues et ce qui les unit aux autres.

 

Avec ce travail, je propose des incarnations de présences autrement cachées en utilisant des tissus vintage révélateurs de l'histoire des sujets. Des métaphores incarnées aux des récurrences visuelles de motifs, de matériaux et de couleurs, tous sont disposés spatialement pour donner l'impression de corps distincts qui étaient autrement presque imperceptibles. En insufflant de l'humanité dans ces choses plutôt informes, je donne intentionnellement  une voix à l'inaudible et invite les spectateurs à s'engager viscéralement avec elles.

Le médium encaustique permet de mimiquer, presque viscéralement, des sensations de répulsion souvent associées inconsciemment aux corps déviants. Il fut donc important de combiner la qualité abjecte du médium à des objets familiers pour célébrer le monstrueux de manière apprivoisée. De telles alliances permettent de réfléchir à de nouveaux paradigmes de l'être enracinés dans le chimérique et le poétique et de proposer des itérations sensuelles qui séduisent et attirent le public malgré leur répulsion. En conséquence, j'ai créé des corps informes attrayants visités et marqués par des tragédies : j'ai produit ces "choses" pour commémorer la vulnérabilité. Au lieu d'être des vaisseaux abjects porteurs de préjugés, ces corps proposent des métaphores visuelles de la résilience incarnée. Visuellement, je souhaitais également contraster la matière vivante et l'abjection de ces corps dits déviants afin de condamner les attitudes discriminatoires et offrir une perspective régénérative et puissante. 

L'objectif de Aggregates est de sensibiliser le spectateur aux divers modes de lecture et d'écoute, que ce soit celui du langage de la souffrance ou du silence et de sa répétition muette et insupportable. En offrant des espaces liminaux propices à la révérence, j'accompagne deuil du corps social et invite à la révélation et à la célébration d'un nouveau soi ontologique non jugeant, indifférencié, ancré, accueillant et magnifiquement imparfait.
 


Preoccupied by my latest ordeals with the medical system and recent readings on the anticipatory corpse and medical ethics, I carried my burdened shell of a body back into the studio. I started instinctively playing with collected matter around me. Organic fragments, from previous experimentations left unattended on the floor suddenly regained importance through the lens of projection. I started revisiting my own vernacular, hoping for that Ah-Ha moment to come about. As a looked closer, I discovered, hidden in creases, living moss, and tiny mushrooms growing from decay. I felt transformed. Feelings of disembodiment generated by recent events were slowly being obliterated by these subtle yet empowering growths. I was compelled to look attentively.

In this installation, I decided to challenge the normalcy narrative, which celebrates the healthy male body as the social standard, by presenting solely female-subject-objects engaging with old age and/or illness. Nonetheless, for the concealed body to speak, to manifest itself, I had to find ways to elicit a voice, a desire to come forth. I sought to explore autobiographical accounts of physical transformations resulting from recent encounters with illness would engage the viewer in a possible and much needed dialogue. Self-disclosure was a necessary choice as a compelling method of including new stories and resisting seclusion as it seeks out and legitimizes moments of difference and awkwardness.

Leder’s accounts of the interoceptive nature of the body (1990) and its predisposition to reveal itself through pain, provided means of visibility for an otherwise recessive body. Compared to the social body, which tends to conceal dysfunction, the biological body brings faulty viscera to attention in a sense of urgency that requires attention in order to survive. By exhibiting entrails, I intended to redirect attention to “corporeal depths”  and steer away from the surface usually invested by representation. I applied visual metaphors and metalepsis to realign displaced identities onto the perceptual axis. Defective bodies, put forward in my work, not only mirror the anguish brought on by isolation and rejection, but also become generative and revealing entities. This is made possible by placing them into unusual contexts where they can thrive. These artistic manifestations question normative representations of the body and unquestionably defy dehumanizing gazes of otherness by re- inscribing distinct experiences into shared materiality. By showing what is inside, underneath the skin – flesh, organs, fluids - and by celebrating the abject and the improper body as uprisings against beautification, De Bruckere and Hesse inspired me to embrace formlessness to offer a more ethical presentation of bodies. By taking the body apart and proposing fragments of embodied void (void of representation but charged with meaning), I summoned viewers to lose their sense of identity momentarily to explore what lies at the very depths of being, where commonalities rest and thrive. The work thus require viewers to rethink how they conceive bodily representations and invite them to scrutinize their own prejudices and misconceptions.

Throughout this installation, I proposed incarnations of otherwise hidden presences by using vintage fabrics as material records of the subject’s histories. Embodied metaphors of the primeval and visual recurrences of motifs, materials, and colours were laid out spatially to give a sense of discrete bodies that were otherwise almost imperceptible. By instilling humanity in those rather formless things, I intentionally gave a voice to the unheard and compelled viewers to viscerally engage with them.

The encaustic medium allowed me to mimic, almost viscerally, sensations of repulsion often unconsciously associated with deviant bodies. Yet, it became important to combine the medium’s abject quality to well-crafted objects to celebrate the monstrous in a tamable way. Such alliances allowed me to ponder new paradigms of being, grounded in the “chimeric” and the poetic, and propose sensuous iterations that seduce and lure in audiences despite their abhorrence. Accordingly, I created appealing molten bodies visited and marked by tragedies: I produced these “things” to commemorate vulnerability. Instead of being constrained abject vessels bearing prejudices, they proposed visual metaphors of embodied resilience. Visually speaking, it was also my wish to contrast vibrant living matter to decay and abjection in order to condemn discriminative attitudes by offering regenerative, empowered views of deviant bodies. In wanting to highlight what is typically cast in the shadows and propose works that open that region of potentiality, enabling the search for a common dimension, I allowed fragmentation to be overcome, and commonality within dissimilarity to be experienced. 

The goal of this installation is to make the viewer cognizant of modes of reading and listening, that both the language of trauma and the silence of its mute repetition of suffering, profoundly and imperatively demand. By providing liminal spaces prone to reverence, it is my belief that bereavement of the social body occurs to facilitate the revelation and celebration of a new non-judgmental, undifferentiated ontological self, one that is grounded, welcoming, and beautifully imperfect.

conservo

Pour me familiariser avec le fait que je suis désormais d'âge moyen, j'ai décidé de commencer ma réflexion sur l'âgisme en revisitant ma propre relation personnelle au vieillissement et à la mort. En vieillissant, il devient nécessaire de démystifier cette crainte de devenir invisible, et de fournir des récits d'inclusion et de visibilité à travers mon travail.

Inspirée par ma fascination pour les os d'animaux et les décès d'animaux survenus dans le désert californien où je vivais lors de la production de ce travail, je suis d'abord venue en studio avec l'urgence de raconter des histoires personnelles de deuil et de raconter comment les carcasses continuent de générer la vie à travers leur décomposition.  J'espérais créer des moments de beauté désolée où la complexité visuelle des corps en décomposition susciterait des émotions solennelles, un sentiment d'appartenance et résonnerait avec mes préoccupations actuelles concernant l'entropie des corps vieillissants.

À travers des visites aux marchés aux puces, aux antiquaires et aux ventes aux enchères, l'espoir de raviver des sentiments passés a donné sens à mes préoccupations actuelles. J'ai beaucoup touché, senti et senti des objets en attente de leur révélation. Une quête similaire m'a conduite à visiter des ossuaires en Espagne et des catacombes à Paris. Dans la mort, alors, tout a semblé abondant et excessif, repoussant les limites de l'attendu et m'infligeant cette abondance morbide, captivante mais profondément perturbants. Comparable à l'esthétique rococo, la matière organique en décomposition semblait étrangement s'accumuler. Néanmoins, cette surcharge d'informations visuelles, cet excès de stimuli, a fini par conférer une puissante sensation de vitalité  à une scène sinon sinistre.

Dans "Conservo", le choix de l'esthétique rococo, son style excessif, surchargé, superflu, trop plein de tout, reproduit la densification du vieillissement que j'ai constatée en visitant les maisons de retraite où résidaient mes parents. De même, cet esthétique évoque métaphoriquement les préjugés médicaux selon lesquels la vieillesse est analogue au chaos biologique ; enfin, le genre reproduit la complexité ontologique du corps vieillissant, en mettant l'accent sur ses attributs lurides. L'utilisation de composants organiques tels que les herbes médicinales traditionnelles, les os, et la répétition de motifs tels que des fleurs et des textiles vintage, provient du besoin d'ancrer les œuvres dans le vernaculaire, les rendant ainsi plus accessibles, plus appréciables et plus identifiables.

Coming to terms with the fact that I am now middle-aged, I have decided to start my reflection on ageism by revisiting my own personal relationship to ageing and death. As I am ageing, it becomes necessary to ultimately find ways to demystify the social “fear of our future selves” (Nelson, 2005) , a fear of becoming invisible and provide narratives of inclusiveness and visibility through my work.

Sparked by my latest fascination with animal bones and animal deaths occurring in the Californian desert where I had been living, I came to the studio at first with an urgency to tell personal stories of grief and recount how carcasses continue to generate life through their decomposition  (driven by the same urgent desire to show how life keeps on happening long after the body has become a corpse.) I had hoped to create moments of desolate beauty where the visual complexity of decaying bodies would trigger solemn emotions, kinship, and resonate with my current concerns regarding entropy.

Channeled through visits to flea markets, antique malls, and auction houses, hopes of reigniting past feelings would arise and make sense of current ideas. I touched, felt, and smelled objects that awaited their revelation. A similar quest led me to visit ossuaries in Spain and catacombs in Paris. All in death appeared bountiful and excessive, pushing boundaries of the expected and inflicting visual narratives of morbid abundance, captivating, yet profoundly disturbing. Comparable to rococo aesthetics, decaying organic matter seemed accreted to the point of being nullified. Nonetheless, this overload of visual information, this excess of stimuli, did end up bestowing a powerful sense of swarming vitality to an otherwise grim tableau.

After exploring an aesthetic that evoked and challenged concepts of ageing bodies, decay, death and family, some questions were still left unanswered: Is exposing the viewer to what constitutes abjection in old age and sickness compelling enough to instigate new assessments and advocate social reinsertion, away from stigmatization? Is a visual exploration of corporeal frailty and decay successful at triggering common humanness? Do mirrored revulsion and transferred feelings of exclusion provoke enough concern and outrage in viewers to spark a discussion or do they end up pushing potential viewers away?

In Conservo, the choice of rococo aesthetics, its overwhelming, over ornate, superfluous, too-much-of-everything style, mimicked the densification of old age I experienced while visiting nursing homes where my parents resided. Likewise, the genre is used here to echo metaphorically medical prejudices stating that old age is analogous to biological chaos (Vincent 2006); finally, the genre replicates the ageing body’s ontological complexity, emphasizing its lurid attributes. The use of organic components such as traditional healing herbs and foods, bones, and the repetition of motifs such as flowers and vintage textiles, came from the need to anchor the works in the vernacular, making it more accessible, palatable, and relatable.

bacterial
aggregates
conservo

Explorations vidéographiques

Video explorations 

video
invincible ete

Ce travail vidéo, présenté au Symposium international d'art contemporain de Baie-Saint-Paul, est une itération du Cabinet de curiosités.  Chaque sculpture dans la vidéo se transforme lentement, passant du noir et blanc à une entité colorée. Ces objets colorés représentent mon corps affranchi du système de classification patriarcale du cabinet, un coprs qui maintenant se mélange à la nature, s'entrelaçe; les séquences de coloration ici sont une manière de célébrer les attributs transformateurs de mon corps vieillissant et de mettre en évidence son pouvoir d'agir. Ces incarnations colorées, associées aux superpositions variées habitant l'écran progressivement, mettent en avant la vitalité et le dialogue fertile en cours initié avec la nature, où un soi incarné est conscient de son environnement. Je ne considère plus mon corps comme traversant des processus de dissolution et de décomposition, comme une ruine. Mon corps non-normé se sent désormais reconnecté à sa vérité, une vérité qui embrasse tout, qui déborde le soi... une essence enracinée dans la transformation, la régénération et le devenir... une essence fortifiée par la parenté humaine et non-humaine commune... n'étant plus en exil, ni marginalisée mais Multiple.

This video work, presented at the International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, is one iteration of the Wunderkammer. Each sculpture in the video slowly transforms, from a balck and white entity to a colored one. These colored objects represent my body freed from the patriarchal classification system that is the Wunderkammer, a body that is now co-mingling with nature, inter-connecting; the coloring sequences are a way of celebrating my ageing body's transformative attributes and highlighting its agency. These colored incarnations, alongside with varied overlays in habiting progressively the screen, showcase the vitality and fertile ongoing dialogue initiated with nature where my embodied self is not only mindful of its surroundings but embraced by it. I am no longer considering my body as going through processes of dissolution and decay, as a ruin. My non-able body feels reconnected to its truth, one that embrace all, one that overflows the self… an essence grounded in transformation, regeneration and becoming… an essence heartened by kinship…no longer in exile. No longer Other... from now on...Multiple.

corps evocateurs
les corps évocateur(E)s
 

Des mois de recherche et de conversations (et un confinement dû à la Covid nous empêchant d'être en présentiel) ont conduit à la création de cet événement. Ce travail est donc né d'un désir urgent d'incarner notre recherche, de travailler collectivement.
 

Huit artistes, huit pratiques, un objectif de recherche : partager nos réflexions sur le corps vieillissant/différent, sur la manière dont il habite l'espace et interagit... Ces performances ont eu lieu devant des pairs, également invités à participer activement aux itérations incarnées en cours dans l'espace.

 

Artistes participantes
 

Karen Ami - artiste multidisciplinaire
Anne-Sophie Lorange - artiste multidisciplinaire
Marie-France Forcier - interprète et chorégraphe

Heidi Strauss - interprète et choréographe
Nancy Messegee-Downing - poète
Tine Frich Møller - artiste multidisciplinaire
Erin Wilkerson - artiste multimédia
Rene Meyer-Grimberg - spoken word poetry
Eve Provost Chartrand - artiste interdisciplinaire

Months of research and conversations (and a lockdown brought on by Covid preventing us to be in-presence) gave way to the creation of this event. This work thus birthed from an urgent desire of ultimately embodying research, to work collectively.

8 artists, 8 practices, one research goal: to share reflexions on the ageing/different body, how it inhabits space and interacts.... These performances took place before by peers, also invited to participate actively to the ongoing embodied iterations taking place in the space.

Participating Artists:
 

Karen Ami - multidisciplinary artist
Anne-Sophie Lorange - multidisciplina
ry artist

Marie-France Forcier - performer/choregrapher

Heidi Strauss - performer/choregrapher
Nancy Messegee-Downing - poet

Tine Frich Møller - multidisciplinary artist
Erin Wilkerson - multimedia artist
Rene Meyer-Grimberg - spoken word poetry
Eve Provost Chartrand - interdisciplinary artist

the passing

the passing

 

Alors que j'accompagnais ma mère dans ses derniers moments, et pendant que je lui donnais son dernier bain, j'ai remarqué que son corps émettait toujours de l'énergie alors que sa chair, faisant face au chaos de la mort et même après son dernier souffle, continuait à vibrer. Ce fut un moment très réconfortant et révélateur qui a renforcé ma conviction que les êtres chers perdurent sous différentes formes.

Cette expérience a également mis en lumière l'importance des rituels entourant la mort, de ces moments nécessaires d'accompagnement du corps lorsqu'il se transforme. À partir de ce moment-là, j'ai compris intimement qu'un corps décédé porte des traces de la personne dont la matière devient alors indiscernablement entremêlée avec les molécules et les atomes universels; le corps continue à devenir, se connectant sur un plan différent. Rien n'est jamais perdu; il nous suffit d'être attentifs.

While accompanying my mother in her last moments, and while giving her last bath, I noticed that her body still emitted energy, even after her last breath and even as it delt with the chaos of death. It was a very comforting and revealing moment that solidified my belief that loved ones live-on in different forms. This experience also highlighted the importance of rituals surrounding death, rituals as needed moments in time to accompany the body as it transforms into energy. From that moment on, I intimately understood that a deceased body bears traces of the person whose matter, from this time forth, indiscernibly becomes entangled with universal molecules and atoms, working at becoming, networking on a different plane. Nothing is ever lost; we just need to be attentive.

travail relationel & participatif

relationel and participative work

relational work
corps vieilissant relationel

coming soon


 

les corps évocateur (E) s
 

Des mois de recherche et de conversations (et un confinement dû à la Covid nous empêchant d'être en présentiel) ont conduit à la création de cet événement. Ce travail est donc né d'un désir urgent d'incarner notre recherche, de travailler collectivement.
 

Huit artistes, huit pratiques, un objectif de recherche : partager nos réflexions sur le corps vieillissant/différent, sur la manière dont il habite l'espace et interagit... Ces performances ont eu lieu devant des pairs, également invités à participer activement aux itérations incarnées en cours dans l'espace.




 

Months of research and conversations (and a lockdown brought on by Covid preventing us to be in-presence) gave way to the creation of this event. This work thus birthed from an urgent desire of ultimately embodying research, to work collectively.

8 artists, 8 practices, one research goal: to share reflexions on the ageing/different body, how it inhabits space and interacts.... These performances took place before by peers, also invited to participate actively to the ongoing embodied iterations taking place in the space.
corps evo relationel
phagein relationel

Cet événement à la fois performatif et participatif met de avant l'importance du rendez-vous, de la création de zones de convivialité et de la manière dont sont articulées nos relations avec les objets. En tant qu'artiste, je suis toujours très attaché à l'objet façonné et un fervente croyante en ses attributs transgressifs, mais je suis aussi impatiente d'explorer divers types de participation et d'interaction, de collaboration. Phagein  met au défi le sens moral et la tolérance des spectateurs à travers des interventions et des métaphores multifacettées, dans le but de dénoncer les attitudes maladaptées et destructrices de ma culture envers le vieillissement et la mort. Cet événement explore les interactions entre ces antagonismes tels que la vie et la mort tout en revisitant et en redéfinissant simultanément la signification de la marge. "Phagein", aux côtés de "The Saprotrophic Body", remet ainsi en question certaines idées préconçues des spectateurs en les exposant à des corps marginaux et leur relation avec le vieillissement et la mort. En contenant la vie telle qu'elle se manifeste devant nos yeux, la serre sert donc non seulement de lieu nourricier au sens propre, mais aussi d'espace de témoignage où l'énergie concentrée et latente, où la transformation, est capturée et vécue.

L'expérimentation sur l'habitat, l'utilisation de matériaux et la croissance de la matière organique telle que les champignons, le kombucha, les herbes fraîches et les fleurs s'y déroulent simultanément. L'intention n'est pas seulement de faire des choix visuels évocateurs, mais aussi de fournir une récolte abondante au moment de l'exposition. 

Ayant décidé au préalable de m'effacer autant que possible du processus, j'ai élaboré une performance `déléguée` où une femme âgée récolte la nourriture que je prépare ensuite en arrière-plan, en présence des invités. La modèle embauchée y est enveloppé de silence; nue, portant uniquement un tablier en plastique transparent et des surchaussures assorties, elle incarne une figure éthérée tout en nous renvoyant l'image  des préjugés culturels sur le vieillissement, préjugés qui considèrent les personnes âgées comme des êtres dépourvus de discours, obscènes et donc censurés, privés de langage, innommables car incapables de répondre aux attentes de la société. Une fois que le modèle a terminé la récolte des produits et s'est habillée, elle est invitée, avec les invités, à partager un repas, à rester plus longtemps et à partager des expériences, des réflexions concernant la vie, la mort, la maladie et le vieillissement, la réinscrivant alors dans le discours social.



 

This performative yet participative event puts forward the importance of the rendez-vous, of creating areas of conviviality and the way it formed relational dimensions and did so en presence des objects. As an art maker, I am still very much attached to the crafted object and a firm believer in its transgressive attributes, but I am also looking forward to exploring various types of participation and interaction as forms of collaboration. relational works and the social dimensions of participation was formative and necessary. This work challenges viewers’ moral sense and tolerance through multifaceted interventions and metaphors and its intent is to denounce my culture’s maladaptive and destructive attitudes toward ageing and death. It explores interactions between opposing but related realms such as life and death while revisiting and redefining concurrently the meaning of fringe.

 

Phagein, alongside The Saprotrophic Body challenge misconceptions and expose viewers to thought-provoking encompassing metaphors of marginal bodies and their relationship to ageing and death. Containing life as it manifests before our eyes, the greenhouse thus serve not only as a nourishing hub literally but as a testimonial space of concentrated, latent energy where transformation is captured and experienced.

Experimentation on habitat, in the use of materials, and growing organic matter such as mushrooms, kombucha, fresh herbs, and flowers happened simultaneously. The intent was not only to make significant evocative visual choices, but to also provide a bountiful harvest at the moment of the exhibition.

 

Food prep in the kitchen gave rise to simple yet delicious meals composed of harvested ingredients grown in the greenhouse. I looked closely at how ingredients could be harvested responsibly and effectively: a composting station set up in the gallery space promoted sustainable farming by allowing the recycling of discarded organic waste; having multiple mushroom farms producing at different pace assured an equivalent distribution of resources over the span of one month.

As I researched recipes and ways of presenting food, I also reflected on ways to occupy the greenhouse and how guests would be fed. Because I had previously decided to erase myself as much as possible from the exhibiting process, I minimally scripted a delegated performance where an elderly woman harvested the food that I ended up cooking in the background. The goal was to confront visitors with the seeming paradox of the elderly being bountiful and wholesome. The hired model was shrouded by silence; in the nude, wearing only a plastic, transparent apron and matching overshoes, she posed as an ethereal figure. She enacted cultural assumptions about ageing that consider elders as lapses of discourse, obscene and hence censured, deprived of language, unnamable because they are incapable of fulfilling society’s expectations. Once the model finished harvesting produce and dressed, she was invited, along with guests, to share a meal, stay longer and share experiences, reflections pertaining to life, death, illness, and ageing thus giving her agency.

exposed

Dans cette installation, mon objectif est de remettre en question les stéréotypes discriminatoires qui nient le terrain fertile du vieillissement, sa riche individualité et l'unicité de son paysage personnel. Je célèbre également le rôle unique de la mort dans le maintien de notre propre écologie personnelle et la générosité  et la créativité ingénieuse, intempestive et régénératrice de la nature.

Tout en prenant soin de ma mère et de sœurs vieillissantes, j'ai pu constater qu'il semblait n'y avoir aucun autre marché pour les individus matures ; aucun désir, aucune volonté de reconnaissance culturelle. Ces aspects de la corporéité, principalement liés à l'âge chronologique et liés à des idées culturelles préconçues de la finitude, restent des marqueurs sociaux puissants et façonnent profondément notre conception du corps à un âge avancé. Malheureusement, la peur de notre propre destin charnel à mesure que nous vieillissons nous projète dans une fantaisie d'éternelle jeunesse et nous éloigne d'un cours de vie plus naturel dont le récit pourrait être plus positif et inclusif s'il était considéré.

 

Avec "Exposed yet Unseen", je propose des considérations plus appropriées et équitables des corps vieillissants des femmes à travers des approches ontologiques et naturalistes dans lesquelles la fragilité et la vulnérabilité humaines sont enracinées dans des expériences universelles partagées et situées sur l'ensemble de la vie.

Ce travail est aussi une exploration de la perte d'identité dans les contextes médicaux, de la perte de pertinence sociale liée à des idées préconçues sur la vieillesse, de l'isolement et de la mort attendue. Cependant, avec cette installation, je souhaite également attirer l'attention sur la manière dont la vie se révèle de manière inattendue si nous osons regarder au-delà de ce qui est superficiellement exposé et attendu, remettant en question l'idée que le vieillissement est intrinsèquement défini par le déclin ontologique et la mort. Si les gens examinent la vie en profondeur et avec une plus grande ampleur que ce qui est superficiellement exposé et socialement attendu, alors la vie trouve des moyens insoupçonnés pour se manifester.

La recherche de nouvelles associations visuelles m'a motivé à développer un récit personnel où la matérialité devient centrale dans mon processus et où la création d'objets non figuratifs et allégoriques s'est révélée cruciale pour remettre en question les idées prédominantes sur le vieillissement.

 

Les spectateurs qui interagissent avec l'œuvre en arrosant les plantes en croissance m'a amené à envisager les possibilités d'interaction et de jeu comme moyens d'impliquer davantage le public.
 

In this installation, I aim to  to challenge discriminating stereotypes negating the fertile ground of ageing, its rich individuality, and the uniqueness of its personal landscape, I also celebrate what I think is the unique role of death in the maintenance of our own personal ecology and the encompassing generosity and ingenious, untimely, and regenerative creativity of nature.

 

While caring for my mother and ageing siblings, I have witnessed how there seemed to be no other market for mature individuals; no desire, no will for cultural recognition. Those specifics of corporeality, predominantly linked to chronological age, and bound to cultural preconceived ideas of finitude, are still powerful social markers and profoundly shape our conception of embodiment in old age. Unfortunately, fear of our own carnal destiny as we grow older might project us into a fantasy of agelessness and away from a more natural life course whose narrative could be more positive and inclusive if considered. With Exposed yet Unseen, I propose more appropriate and fairer considerations of women’s ageing bodies through ontological and naturalistic approaches in which human frailty and vulnerability were grounded in universal shared experiences and situated over one’s lifespan.

This work thus is an exploration of loss of identity in medical settings, loss of social relevancy related to misconceptions of old age, isolation, and expected death. Yet, with this installation, I also wish to draw attention to how life reveals itself in unexpected ways if we dare to look further and beyond what is superficially exposed and expected, challenging ideas that ageing is intrinsically defined by ontological decay and death. If people examine life in greater depth and breadth than what is superficially exposed and socially expected, then life finds unsuspected ways to manifest itself.

Researching new visual associations motivated me to develop a personal narrative wherein materiality becomes central to my process and by creating nonfigurative, allegorical things has proven to be pivotal in challenging prevalent ideas of ageing. Viewers engaging with the work by watering growing plants brought me to consider the possibilities of interaction and play as ways of further engaging the audience. Future works are now exploring harvesting and themes of nourishment and maintenance as they all pertain to the idea of ageing.

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